Lettre à un nouveau pratiquant

Lettre à un nouveau pratiquant

Cher futur ami,

Ca y est, vous vous êtes décidés à venir pousser pour la première fois la porte du dojo où l’on pratique le zen.

  • Envie d’une bouffée d’espace personnel en forme de loisir ?
  • Aller mieux dans votre vie ?
  • Savoir faire le « vide » ?
  • Acquérir de la sérénité ?
  • Se soigner pour un problème de santé ?
  • Se faire des potes ?
  • On vous a dit que vous devriez venir ?
  • Mais n’est ce pas un piège pour vous attirer dans une secte ?

Autant de prédéterminés qui peuvent être dans vos têtes quand on ne connaît pas !

Maître Deshimaru
Maître Deshimaru

Le zen est la pratique d’une posture bimillénaire instaurée par le Bouddha historique, le prince Shakyamuni, et qui s’appelle Zazen. C’est une pratique de méditation assise sans objet. Elle nous vient de l’Inde, a traversé la Chine à travers les siècles, puis le Japon. Elle parvient en Europe grâce à Me Taisen Deshimaru dans les années 70, envoyé par son maître Kodo Sawaki.

C’est une pratique qui découle d’une pensée bouddhiste, mais un pratiquant zen n’est pas forcément bouddhiste… Ce n’est pas une religion, non plus une philosophie, c’est plutôt un certain rappel du vivant à ne pas oublier dans nos quotidiens agités ; de s’occuper d’autre chose que de nos imaginaires illusoires, bref une façon de cesser de rêver.
C’est un espace personnel où il s’opère des choses importantes dans la transformation de nos êtres, mais ce n’est pas un loisir.

Forcément il est possible d’aller mieux, mais ça découle naturellement de la transformation qui est mise en mouvement, et ce grâce à une certaine constance d’effort. On ne peut décider volontairement d’aller mieux parce qu’on fait Zazen.

Le vide de pensée n’est pas ce qui est demandé de faire pendant Zazen ; c’est une chose impossible à réaliser puisque nous sommes humains et vivants.Souffle nocturne Mais, observer furtivement ses pensées, les laisser filer sans s’accrocher, savoir décrypter les obsessions ou autres, est un exercice intéressant. Tout cela peut s’épuiser de soi même et créer un certain espace de délivrance. La sérénité à acquérir pour tout est une chose un peu erronée. Nous ne sommes pas non plus de grands yogis accomplis.

Le dojo n’est pas un hôpital : en particulier, toute personne souffrant d’un problème psychologique important à type de psychose, comme la schizophrénie ou tout état délirant ou maniaque n’est accueillie qu’avec une extrême prudence, voire, selon les troubles, pas du tout, outre le fait qu’ils peuvent déranger la pratique des autres. Néanmoins c’est une pratique qui traite directement de la souffrance– ce fut d’ailleurs le questionnement essentiel du Bouddha. Quand elle est trop importante, Zazen peut se révéler trop direct, dangereux et violent pour des constructions de personnalités mal établies. Pour cette raison, il n’est pas recommandé de faire zazen seul chez soi. C’est une pratique où il y a besoin de regard bienveillant pour corriger de mauvaise posture donc forcément les états d’esprit associés… Les regards inter croisés, de toute façon, empêchent les déviances de toutes sortes, qui effectivement sans « surveillance » pourraient amener à une certaine forme de sectarisme.

Venir au dojo pour faire plaisir à quelqu’un n’a pas de sens. La décision de venir appartient pleinement au sujet.

Se faire des potes comme au café, à la poterie ou à la danse, non, mais apprécier les particularités de chacun au point de comprendre la vraie re-liaison humaine, oui.

L’amitié spirituelle qui lient les gens du dojo est différente de l’amitié ordinaire…

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Donc bienvenue à vous et à très bientôt.

Une pratiquante du dojo.


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